Le fétichisme est une déviation des pulsions sexuelles d’un sujet sur un objet érotique de substitution qui peut être aussi bien une partie déterminée du corps humain (cheveux, seins, fesses, nombril) qu’un objet (vêtement, chaussure). Pourtant, de prime abord, le masque à gaz n’a rien de follement excitant et fait davantage penser à un objet de guerre.
En effet, les premiers masques à gaz apparaissent lors de la première guerre mondiale pendant laquelle les armes chimiques font leur apparition avec les attaques au chlore. Les masques anti-gaz sont donc un moyen de se prémunir des attaques chimiques ou biologiques mais pas des agents radioactifs.
Il se porte sur le visage et couvre les entrées des voies respiratoires et souvent les yeux ainsi que d’autres tissus du visage. Les premières expériences font état de simples morceaux de coton avec deux tuyaux qui pendent afin de récolter un air moins vicié près du sol.
Grâce à la faculté humaine à toujours persévérer quand il faut trouver de nouveaux moyens pour tuer son prochain, le masque à gaz a eu un bon siècle pour se développer et améliorer son filtrage et sa protection. Ainsi, plusieurs techniques permettent une utilisation optimale : la filtration, les réactions chimiques, l’absorption et l’adsorption.
Tout ceci est bien beau mais on commence à s’éloigner de notre sujet de base. Le masque à gaz et son fétichisme, qu’en est-il réellement ?
Porter un masque à gaz ou le plaisir de la privation d’oxygène et de l’anonymat
Le raccourci avec le BDSM est bien vite trouvé quand on pense au masque à gaz et à toutes les possibilités que ces combinaisons en cuir ou en latex laissent imaginer. Un tel accoutrement donne rapidement chaud à n’importe quel aficionado de la combi en latex et certains n’hésitent d’ailleurs pas à revêtir des combinaisons intégrales même en pleine canicule ! C’est par exemple le cas de la « poupée humaine » ou « Die Gummipuppe » en Allemand dans un entretien rapporté par Vice Allemagne.
« On peut imaginer les hectolitres de transpiration accumulés sous tout ce caoutchouc ». Ou encore « l’idée de vivre sans sentir ma peau enserrée de caoutchouc centimètre par centimètre m’est insupportable ». Lors du week-end du bal des fétichistes d’Allemagne, la poupée humaine n’aura jamais retiré son masque. Elle aura préféré profiter de son obsession pour ses masques et sa combinaison intégrale. Tout plutôt que de retirer ses habits pour pouvoir respirer, s’alimenter, s’hydrater ou laisser sa peau à l’air libre l’espace de quelques secondes.
Mais le plaisir ne s’arrête pas dans la transpiration et la difficulté à respirer. Mais également dans le travestissement en lui-même. En effet, pour en revenir à « Die Grummipuppe », la personne qui cultive ce personnage a réussi à préserver son identité et même son genre ! Tout ce que l’on a pu dénicher de cette personne, c’est qu’elle travaille dans la politique… Les cagoules, les masques mais aussi les déguisements ne sont pas forcément des justaucorps. Ils permettent de préserver un mystère excitant pour les addicts de la chose.
Là encore, on peut aisément relier l’addiction au masque à gaz avec le BDSM et cette fameuse relation dominant-dominé. Dans le bondage, on n’a pas nécessairement envie de jouir de ses plaisirs à visage découvert. Que ce soit pour le dominant qui peut vouloir préserver son anonymat et renforcer sa mainmise totale sur l’esclave. Ou pour le dominé qui peut être une personne haute placée dans la société. Et qui n’a pas forcément envie que sa déviance sexuelle soit connue de tous…
La multiplication des déviances sexuelles grâce au masque à gaz
Ainsi, il est aisé d’additionner ces paraphilies pour parvenir à d’autres orgasmes avec cet enchaînement. On l’a vu. La privation d’oxygène est une pratique très répandue dans le BDSM. Elle peut même être dangereuse si mal exécutée. Dans la continuité du masque à gaz, on trouve aussi les fameux vacuum bed, dispositif de deux couches en latex où la personne est placée à l’intérieur de celle-ci. Un aspirateur vient alors retirer une grande partie de l’air disponible. Le but est de placer le déviant dans l’incapacité de respirer, voir, parler et se mouvoir. Différentes techniques permettent alors d’aspirer l’oxygène et le masque à gaz est l’un d’eux. On parle alors de jeux de non-oxygénation ou de hypoxyphilie voire de claustrophilie. Puisqu’on se complaît dans le confinement à la différence de la claustrophobie.
Lors de sessions de bondage, la maîtresse peut alors exercer un contrôle total sur ses sujettes et sujets grâce à cet accessoire mais pas seulement
Avec des masques récupérés dans d’anciens camps militaires mais aussi ceux créés par certains artistes comme Tom Banwell qui n’ont pas hésité à repousser les limites du cuir et du latex, certaines œuvres d’art peuvent également étouffer les cris et les râles de douleur pendant l’acte. Et quand on sait que Freud parlait de « déni » ou de « complexe de refoulement » à propos du fétichisme et et de ce manque chez la femme comme une castration, on vous laisse imaginer ce dont sont capables les meilleures dominatrices en la matière…
Avec elles, tout peut y passer. Que ce soit de la strangulation, de la privation d’oxygène ou du fétichisme médical. En effet, elles peuvent revêtir gants, stéthoscope et tout l’attirail de l’infirmière sexy. Tout ceci pour atteindre ce genre de fétichisme qui requiert l’utilisation de masques respiratoires anesthésiques ou CO2. L’utilisation de camisole est conseillée.
L’utilisation de masque à gaz peut être diablement enivrante mais également dangereuse, à utiliser avec précaution. Chaleur, oxygène, masque, anesthésie, latex ou encore caoutchouc, les utilisations et les combinaisons du BDSM sont pratiquement illimitées !