Abordons aujourd’hui le fétichisme de manière concrète, afin de comprendre les souffrances que cela engendre chez la personne fétichiste seule ou/et son partenaire. 

 

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Quelles sont les pistes qui existent pour sortir de ce mécanisme douloureux ? Le fétichisme est-il forcément source de souffrance ou peut-il se vivre de façon épanouie ?

 

Le fétichisme, c’est quoi ?

Il s’agit d’une pratique qui consiste à adorer un fétiche (un objet de culte). En sexologie, cela consiste à prendre du plaisir en se focalisant sur une partie du corps, ou sur un objet, ou encore sur une matière particulière.

La particularité va résider dans son caractère exclusif et indispensable pour la personne fétichiste. Autrement dit, sans l’objet sur lequel elle se focalise, cette personne ne peut pas prendre de plaisir. Elle n’est donc pas excitée par la relation sexuelle mais bien par son fétiche, au détriment de tout le reste.

Cette obsession fait partie de la famille des paraphilies, qui se définie comme l’ensemble de troubles de la préférence sexuelle caractérisé par la recherche du plaisir sexuel auprès d’un partenaire ou d’un objet inadapté, ou dans des circonstances anormales.

Précisons toutefois qu’une personne qui serait simplement attirée plus particulièrement par une partie du corps ou une tenue dans le cadre d’une relation sexuelle n’est pas pour autant considérée comme fétichiste. Ce qui concerne la majorité des gens. Pour eux, le plaisir n’est pas associé exclusivement à ces éléments.

 

Quelques exemples de fétichisme

Un fétichiste peut se focaliser sur différents éléments :

– Les parties du corps : poitrine, fesses, pieds, nuque, jambes, …

– Les matières : latex, dentelle, cuir, satin, velours …

– Les types de personnes : minces, obèses, personnes âgées, femmes enceintes, …

– Les vêtements et sous-vêtements : jupes, chaussures, leggings, uniformes, corsets, strings, jarretelles, …

– Certains accessoires : lunettes, coiffures, rouges à lèvres, …

 

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On comprend donc facilement qu’à peu près tout peut faire l’objet d’adoration. Il faut néanmoins une réelle fixation sur cet objet, depuis au moins 6 mois, pour que l’on puisse parler de fétichisme en tant que tel.

 

Le fétichisme touche quel type de personnes ?

De manière générale, on remarque que ce sont plutôt les hommes qui sont touchés par le fétichisme sexuel. On peut s’expliquer ceci par le fait qu’ils ont une conception de la sexualité plus visuelle, d’où la fixation sur un détail en particulier. Les femmes fétichistes, de leur côté, seront davantage excitées par un scénario, une situation, ou encore la dimension temporelle de la sexualité.

On observe néanmoins de plus en plus de femmes présentant des tendances fétichistes sur les sous-vêtements masculins par exemple ou une partie de leur corps. Le fétichisme est à bien différencier du sadomasochisme. Car même si ce dernier va utiliser certains accessoires (liens, fouets, instruments de punition etc, … ) ou des matières souvent présentes (cuir, latex, … ), ce rituel n’a rien de fétichiste.

 

Vivre son fétichisme en couple

Un des premiers problèmes que l’on va pouvoir envisager, c’est celui du partenaire lorsque le fétichiste est en couple. Comment vit-il cette obsession ? Les sexologues sont souvent confrontés à des couples qui explosent à cause du fétichisme de l’un des deux partenaires. Par exemple pour une femme dont le conjoint a un fétichisme des pieds et n’est donc excité que par cette partie du corps. La femme aura elle des problèmes à atteindre l’orgasme sans autre stimulation et se sentira réduite au statut d’objet.

 

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Les fétichistes peuvent également avoir des difficultés d’excitation ou des problèmes d’érection qui sont indépendants de leur fétichisme. Si quelqu’un est fétichiste des pieds uniquement, dans le cas où les pieds de son ou sa partenaire ne lui plaisent pas, il y a risque de problème d’érection. Si maintenant la personne peut un peu diversifier son registre, et être excitée par la situation, ou d’autres parties du corps de son partenaire, elle trouvera davantage de ressorts érotiques donc de capacités d’excitation.

 

Et si le fétichisme sexuel n’est pas assouvi, y a-t-il un risque ?

En fait il est très rare que la personne ne satisfasse pas son fétichisme. Elle trouvera toujours un moyen de l’assouvir, même partiellement, par l’intermédiaire de scénarios érotiques.

Aussi quand le fétichisme est bien vécu et qu’il ne génère pas de souffrance pour la personne elle-même ou pour les autres (et que la sexualité se fait dans un cadre légal et éthique adapté dans la société dans laquelle on vit), il n’est pas nécessaire de la soigner. Un fétichisme qui serait inadmissible pour la société doit être soigné. Quand il n’y a pas de souffrance, il faut laisser le corps exulter et vivre sereinement ses envies.

 

Quelle souffrance ?

Ce n’est pas tant la pratique en elle-même que son impact qui va faire souffrir. En effet pour vivre sereinement un fétichisme, il faudra que celui-ci soit accepté par les 2 partenaires afin que la relation intime puisse se passer correctement. Or, ce n’est pas toujours évident d’accepter que son partenaire fasse une fixation sur un élément unique, délaissant tout le reste pour prendre son plaisir.

 

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Dans certains cas, cela va également impacter la vie sociale voire professionnelle de la personne. A cause de la nature obsessionnelle et compulsive de ce trouble qui va limiter les relations avec les autres. De plus un fétichiste n’osera pas aborder le sujet. Souvent par peur du jugement de l’entourage, du rejet ou de la stigmatisation. Il sera alors dans une situation d’isolement, restant seul avec à ses craintes et ses doutes. Le sentiment d’interdit s’accentue et le cercle vicieux poursuit donc son chemin. Car, plus c’est interdit, plus c’est excitant, et plus c’est culpabilisant.

 

Quelle solution ?

Un sexologue saura accompagner de façon thérapeutique la personne fétichiste seule ou/et son partenaire :

en créant un espace bienveillant, sécurisé (car soumis au secret professionnel). La personne pourra alors y déposer sa souffrance, en toute sécurité ;

en tentant de comprendre le fétichisme : pourquoi et à quel moment cette fixation s’est-elle installée ?

en conseillant et en parvenant à étendre les sources de plaisir, de s’éloigner de l’objet de leur fixation et éviter la compulsion de répétition.

Au-delà du plaisir immédiat satisfait par le fétichisme lorsqu’il est assouvi, ce trouble peut causer pas mal de souffrance pour le fétichiste et/ou son/sa partenaire. Cela peut conduire à des situations d’isolement. Il ne faut pas hésiter à évoquer ses troubles auprès d’un sexologue qui saura écouter et diminuer la souffrance ressentie.